La Commission Écran

En mai 2024, après quatre mois de travail intensif, un groupe d’experts commissionnés par le gouvernement a publié un rapport détaillant les effets de l’exposition aux écrans chez les jeunes. Ce rapport, désormais accessible en ligne, propose des recommandations essentielles pour intégrer l’éducation aux médias dans les écoles. En voici les éléments principaux.

Mais, au-delà de l’acquisition de compétences techniques, l’école est aussi l’un des lieux essentiels au sein desquels la sensibilisation et l’éducation au numérique, à ses enjeux et à sa culture doivent être proposées pour accompagner au mieux les jeunes dans la pleine maîtrise de l’outil et dans leur processus de construction d’un esprit critique, libre et distancié vis-à-vis de la technologie et des contenus auxquels les écrans permettent d’accéder. Pour ce faire, il apparaît important de : 

  • faire intervenir suffisamment tôt l’apprentissage au numérique (dès l’école élémentaire), en l’adaptant naturellement selon les âges, tout en restant cohérent par rapport au message à véhiculer sur la nécessité de privilégier des usages raisonnés, compte tenu notamment des effets pour la santé chez les plus jeunes de certaines des technologies associées aux écrans. Cette formation doit donc pouvoir se faire, comme c’est déjà le cas, y compris sans recourir aux outils numériques eux-mêmes (à titre d’illustration, l’apprentissage des fondamentaux de la programmation peut ainsi se faire en manipulant de petits robots) ; 
  • garantir une continuité dans ces apprentissages, plutôt que des séquences ponctuelles fragmentées et inégalement déployées selon les territoires ; 
  • enrichir très largement et consolider, en lien avec les apports de la recherche, le contenu de la formation au numérique à l’école pour en aborder tous les aspects utiles aux jeunes et à la conquête d’une autonomie sécurisée. En particulier, il apparaît utile que l’école puisse donner aux enfants les principales clés sur : 
  • le fonctionnement du cerveau face aux écrans, et les biais cognitifs qui peuvent survenir afin de lui permettre de comprendre ses propres émotions et réactions ; 
          • les enjeux attachés à la santé (sensibilisation aux risques sanitaires, renforcés en cas d’usages excessifs) et aux enjeux environnementaux en lien avec le numérique ;
          • le modèle économique du secteur numérique et une connaissance des principes de conception et les ressorts de certains réseaux sociaux, des algorithmes, des jeux vidéo, des systèmes d’intelligence artificielle ; o les droits et devoirs dans la vie numérique afin que les jeunes aient bien conscience que l’espace numérique n’est pas une zone de non-droit et que les dérives qu’ils peuvent subir ou dont ils pourraient être à l’origine ont la même gravité, et les mêmes conséquences potentielles, que dans la vie réelle ; 
          • les compétences « clés » ou dites du « XXIe siècle » pour permettre de s’émanciper : esprit critique, collaboration et communication, créativité, maîtrise du langage, résolution collective de problème. 

Proposition n°18 : Former et informer les élèves dès l’école élémentaire puis tout au long de leur scolarité, de façon appropriée selon leur âge, au numérique, à son modèle, à ses contenus, à ses usages, aux opportunités qu’il offre et aux dangers qu’il peut présenter.  

Exemples de mesures opérationnelles à déployer : 

  • Faire intervenir, dès l’élémentaire, l’apprentissage au numérique, y compris sans recourir aux outils numériques/par des activités déconnectées, et garantir une routine de ces apprentissages ; 
  • Enrichir le contenu de la formation au numérique en y intégrant tous les aspects utiles aux usages des jeunes et à une autonomie sécurisée (fonctionnement du cerveau face aux écrans, enjeux attachés à la santé, à l’environnement, droits et devoirs dans la vie numérique…) ; 
  • Préparer et ritualiser à l’école tous les moments clés pour l’enfant dans sa vie numérique ; 
  • Adapter les programmes PHARE, EMI et EMC pour mieux les centrer sur les besoins de l’enfant 
  • Mobiliser et valoriser le rôle essentiel des professeurs documentalistes au collège et au lycée pour coordonner un projet pédagogique au service des enfants ; 
  • Mettre en place dans chaque établissement une équipe d’adultes référents sur leurs problématiques numériques, constituée en fonction des ressources présentes localement ; 
  • Intégrer lors des révisions de programme une réflexion sur les moyens d’acquérir les compétences nécessaires à la vie numérique.